dimanche 28 décembre 2008

2025 : une école numérique

Longtemps les réformes de l'éducation nationale ont été des champs de batailles dont la jeunesse a été la victime collatérale. En 2025, la numérisation du savoir, la digitalisation des ouvrages de référence, l'introduction massive de l'audiovisuel et le recours au SchoolBook comme élément central de la scolarité ont complètement révolutionner l'éducation et l'ensemble des institutions du savoir.

L'école n'est plus ce qu'elle était. Le collège et le lycée non plus. D'ailleurs ces notions mêmes ont cessé d'exister pour être remplacer par un programme complet, universel et unique qui permet à tous les enfants d'accéder au savoir d'une manière numérique et individuelle.
Pris en charge dès 3 ans, l'institution s'est reconstruite autour du concept du lien. Elèves et enseignants évoluent dans un espace très informatisé et très fortement dominé par l'image et par les espaces tridimensionnels interactifs. L'école est désormais organisée autour d'espaces concentriques allant des approches les plus élémentaires (au centre) aux plus complexes du savoir, des techniques, des métiers et de toutes les activités passées, actuelles et futures de la société française (en périphérie). Chaque espace est constitué de cercles de différentes complexités et de cellules particulières dédiées à des situations spécifiques, comme des effets de loupe et des sas de communication entre les cercles. Chaque cercle permet aux élèves de naviguer dans un champs de connaissances à un certain niveau de complexité autant par les interfaces disponibles que par le vocabulaire employé. Les espaces sont différenciés par des traits généraux : calculs, recherches, relations interpersonnelles, mécanismes, langages... plutôt que d'être segmentés en matières, tant ces dernières sont devenues connexes et associées.
Les enfants circulent librement dans les espaces élémentaires et s'associent à mesure qu'ils pénètrent dans les cercles plus complexes d'informations. L'approche pédagogique est entièrement fondée sur la découverte et la curiosité sans aucune suggestion de la part du personnel enseignant. Ce dernier travaille essentiellement sur les méthodes de prise en main, de recherche, d'appréhension et d'examen des informations et des connaissances. Mais ces hommes et ces femmes sont surtout sollicités dans l'apprentissage des liens sociaux : échanges, dialogues, débats, participations, collaborations...
Le système informatique et audiovisuel, l'infosphère, de l'école met au service des élèves et des enseignants des outils d'analyse, de recherche et de projection permettant d'accéder à des fonctions différentes selon les caractéristiques du public : âge, centres d'intérêts, méthodes, langues, formes d'expression et fonction dans l'institution. Ainsi tout le monde utilise les mêmes outils mais de manière différente. Ces outils intègrent des fonctions d'enrichissement des bases de données croisées et des outils eux-mêmes. Depuis leur mise en service, ils ont été améliorés et personnalisés aussi bien par des enseignants que par des élèves en milieu et en fin de cycle scolaire. D'autres innovations sont venues des cycles universitaires de l'Université Ouverte.
Pas de classes, mais des groupes en libre association, de tailles et de géométries variables, tous reliés par le réseau scolaire et tous disposant du même outil : le SchoolBook. Produit dérivé de l'eCom, le schoolbook est une tablette numérique très sophistiquée permettant l'expression écrite manuscrite ou au clavier, le dessin, la projection en 3D, la composition musicale et la création audiovisuelle. Le SchoolBook est également doté de toute la connectique nécessaire pour rester en lien avec le réseau scolaire et se connecter à tous les réseaux disponibles sur la planète. C'est sur cet outil, de la taille d'un gros livre que tous les enfants, puis les adolescents, apprennent, lisent, regardent, examinent, écrivent, dialoguent, etc. Parfaitement sécurisé, le SchoolBook est un espace privé personnalisé auquel l'élève donne accès ou pas.
Tirant partie des technologies de réseau sans fil, le schoolbook est sollicité par les espaces de l'école, par les cellules particulières, par les enseignants, par les événements ayant lieu dans l'espace scolaire. Ainsi, les élèves sont continuellement sollicités par des signaux discrets attirant leur attention, comme le ferait une publicité, sur des thèmes, des images, des faits, des objets qui ont trait à leur activité du moment. Les sollicitations ont été intégrées dans les innombrables bases de données croisées qui constituent le programme composite de l'éducation nationale française.
Le rôle des enseignants a lui aussi évolué pour sortir de l'encadrement d'une part, et du réservoir-filtre de connaissances de l'autre. En effet, les enseignants sont désormais formés pour accompagner les élèves en fonction de leurs seules demandes et pour leur permettre de développer des qualités relationnelles aussi bien entre eux, qu'avec les adultes, avec les moyens de communication, avec les matières et d'une manière générale avec le monde et la société qui les entourent. Du rôle de dispensateur de connaissance, d'exécutant d'un programme donné et/ou de relais des parents, l'enseignant est devenu le médiateur entre l'élève et l'univers socio-culturel dans lequel ils vivent tous les deux. On renoue ainsi avec le lien de maître et disciple si exalté dans l'Antiquité et si méprisé après 68. Mais plutôt qu'une relation en surplomb, c'est sur la notion de tutorat que s'articule le lien.
Formés essentiellement sur des disciplines psychologiques, sur l'ergonomie, sur la médiation tant familiale qu'infantile et dans les problématiques sociales, les enseignants disposent aussi d'une forte composante technique en logiciels de recherche et en programmation appliquée aux domaines de l'iconographie, de la documentation et de la recherche. Les enseignants suivent un cursus complémentaire distinct de l'école numérique mais qui utilise toutes les pratiques et techniques de cette dernières. En quelque sorte, ces hommes et femmes découvrent et se forment à l'enseignement dans les coulisses de l'école numérique. Ainsi les enseignants restent en prise directe avec la réalité quotidienne des élèves et sont issus de l'univers numérique.
L'école numérique se fonde donc sur les liens qui se construisent entre les élèves, entre les élèves et les enseignants, entre les individus (élèves et enseignants) et le savoir. Elle se fonde également sur la constitution permanente et l'entretien des bases de données qui compose l'univers numérique sonore, visuel, audiovisuel et littéraire de l'école. C'est à la fois aux académies traditionnelles, mais aussi aux éditeurs que cette tâche a été dévolue. Cela a permis non seulement la réforme numérique des institutions du savoir en France, mais aussi l'explosion de l'édition électronique européenne.

samedi 27 décembre 2008

2025 : les uns contre les autres

Alors que Thierry Gaudin envisageait, il y a 15 ans déjà, l'émergence des « sauvages urbains » et que Jacques Attali nous promettait l'hyper-confllit, la projection de scénarios crépusculaires semblent bannis de nos visions de l'avenir proche. C'est méconnaître l'Histoire, la dynamique des institutions et la fragilité de nos équilibres économiques occidentaux.

Le paysage de 2025 pourrait très bien être celui des champs de ruines du milieu du 20e siècle. Evidemment, l'avancement technologique jouera toujours en faveur des puissances dotées d'un meilleur armement, d'un meilleur système de surveillance des citoyens comme des transitaires, d'un meilleur dispositif militaire et surtout de la meilleure capacité de projection en tout point du globe.
L'armement est certainement le premier bénéficiaire des avancées technologiques dans tous les domaines : mécaniques, électroniques, micro-informatiques, biologiques, génétiques, radiologiques, etc. On peut même dire qu'il s'agit essentiellement du premier secteur de développement de n'importe quelle nouvelle technologie. Vaincre l'opposition, dominer l'adversaire, écraser la concurrence, détruire la menace, telles sont les missions de l'armement. Et malgré l'introduction et la généralisation des armes non-léthales, dont Alvin Toffler s'était fait le chantre auprès de plusieurs administrations américaines, l'industrie de l'armement est le premier outil de puissance réelle et concrète sur tous les terrains. C'est pour cela que l'armement reste en 2025 le secteur le plus florissant de toute l'économie, ne connaissant que de légères variations en temps de crise économique et sociale, procédant à des transitions habiles entre économie légale et marchés noirs.
Mais si le secteur de l'armement est toujours un moteur économique, son succès repose sur la montée en puissance de deux marchés de choix : la surveillance domestique et la guerre privée.
La surveillance domestique devient progressivement le corollaire de la sécurité nationale ou communautaire. Elle est la garantie à contre-cœur de la tranquillité des citoyens occidentaux contre toutes les menaces diverses et variées qui ne cessent de croître tant en provenance de régions sinistrées, détruites, ou tout simplement pauvres, qu'inhérentes aux clivages qui se créent au sein même des sociétés occidentales et occidentalisées. Passeports génétiques implantés dans le corps, puces de localisation, dossiers médicaux intégrés dans le derme de la main... les citoyens sont parfaitement fichés, répertoriés, numérisés. La paix sociale est à ce prix. Mais une majorité de citoyens ne s'en plaignent pas, préférant de loin la normalisation et le repérages constant à la cohorte des risques pour eux-mêmes et leurs familles.
Fortement ébranlées par les crises économiques successives et une longue période de récession, les sociétés occidentales ont vu les écarts se creuser entre les différentes couches de leurs populations. Les ultra riches côtoient les nouveaux gueux dans un rayon d'action très court mais sans jamais les rencontrer. Utilisant des transports aériens et des voies de communication surélevées, les populations possédantes ne croisent que rarement la misère qui se situe essentiellement dans les niveaux proches du sol, ou tout simplement dans les souterrains des grandes mégalopoles. Les possibilités d'ascension se font par cooptation des résidents de niveaux intermédiaires et surtout par le prix du sang.
Les innombrables conflits locaux pour les ressources énergétiques et les matières premières ont permis l'essor et la généralisation de la guerre privée des opérations militaires de police. Ces dernières sont gourmandes de ressources humaines capables de survivre à des manœuvres de terrain à hauts risques rémunérées copieusement en termes d'ascension sociale et d'actionnariat dans les corporations de la corporatocratie occidentale qui domine la planète à l'horizon 2025. C'est ainsi que les éléments incontrôlés « d'en bas » sont intégrés et profilés dans les dispositifs « supérieurs ». L'ascension se fait au propre comme au figuré.
En 2025, c'est par le conflit que le monde se structure en zones sécurisées et en zones instables à degrés croissants de risques. La guerre est devenue totale, tant dans la mutliplicité de ses formes (militaire, économique, informationnelle) que dans ses champs d'action (terrain, biotope, génome) ou même ses armes (conventionnelles, radiologiques, biologiques, chimiques, bactériologiques). Tous les moyens sont bons pour perpétuer le modèle dominant de l'occident et ce ne sont pas des volontés populaires incontrôlées et locales qui pourront mettre en péril l'intégrité et la souveraineté de la communauté internationale.
Les innombrables conflits locaux augmentent la versatilité des marchés et les incertitudes des résolutions permettent de générer des profits virtuels colossaux et des pertes tout autant abyssales. La croissance est de nouveau possible grâce à une gestion sans merci des tensions sociales, une approche belliciste des problématiques de ressources et d'environnement et un perpétuel renouvellement des besoins en hommes, en puissance de feu, en technologies de l'information et en moyens de domination totale. La doctrine du capitalisme de choc, développée par Naomi Klein dix-sept ans plus tôt, trouve en 2025 un terrain d'action parfait : le monde entier.

jeudi 18 décembre 2008

2025 : justice numérique assistée

Le développement de logiciels de gestion juridique et le déploiement des réseaux judiciaires ont fortement numérisé le secteur de la justice permettant une plus grande flexibilité et une meilleure performance du traitement des dossiers.

Il est loin de temps des piles de dossiers en papier s'entassant dans les bureaux du greffe ou dans les études de magistrats. Aujourd'hui, l'ensemble des cours de justice et des installations administratives sont entièrement équipées d'écrans et de projecteurs permettant l'accès aux pièces d'instruction comme aux données diverses relatives aux affaires instruites. Puisant à la fois dans le stock numérique du Greffe, dans les fichiers et banques de données des services de police et des services généraux, le dispositif numérique de la justice est profilé pour la performance et pour permettre un traitement rapide des affaires. L'efficacité est le gage d'une économie pour le contribuable et la marque d'une instruction propre et rigoureuse.
Les magistrats comme les juristes sont à la fois des spécialistes du droit mais aussi des experts de la documentation. Si le système publique dispose de plusieurs outils de navigation et de recherche dans le dédale des affaires classées et des multiples fichiers de renseignements judiciaires, financiers et sociaux, les grands cabinets de la place Vendôme et du parc Monceau rivalisent d'outils de data mining et de recherche sélective bien plus performants. La seule connaissance du droit n'est plus le critère décisif et de nombreux facteurs liés à la qualité des technologies numériques sont devenus des paramètres d'une justice entièrement assistée.
Et non seulement les professionnels disposent d'un arsenal technologique de pointe mais les prévenus et les parties impliquées ont recours, elles aussi, à un ensemble de services personnalisés en ligne. Les réseaux participatifs permettent ainsi à des parties d'intervenir dans les débats et les audiences depuis des postes distants en ignorant la distance et les décalages horaires. Et bien que couvertes par les conventions de discrétion et de secret, les affaires deviennent de plus en plus publiques tant les fuites sont nombreuses, incontrôlables et complètement liées à la sophistication des procédés employés.
Cette accélération du traitement juridique des affaires a permis symétriquement de rattraper le retard considérable accumulé par la plupart des cours de justice. Mais dans le même temps, les appels à jugements en première instance, en appel et même en cassation se sont multipliés. Aujourd'hui, le recours juridique devant tribunal fait partie des outils commerciaux et des leviers de conquête de marchés des grandes corporations multinationales, notamment en matière de propriété intellectuelle et de concurrence.
Etendue au niveau européen, la justice numérique a permis une avancée notable en termes de rendement dans un monde où la multiplication des litiges s'est développée à la mesure de la digitalisation de l'économie et des relations entre les personnes physiques ou morales. Reste que l'équilibre entre recherche de la vérité et confrontation technologique est toujours difficile à trouver. Le règne du papier et de la procédure a cédé le pas à l'empire électronique de l'information instantanée et totale.

lundi 1 décembre 2008

L'Etat en 2025 : la main invisible

L'échec moral et le désastre social des bulles spéculatives ont remis les états aux commandes de l'économie. Mais le rôle de l'Etat doit être redéfini ainsi que son mode d'intervention.

Comment trancher entre une économie « libérale » ou une économie « planifiée » ? Un compromis est-il possible dans une économie « mixte » ? Doit-on tout prévoir ou bien laisser à une « main invisible » le soin de remettre en ligne ce qui aura déraillé ? Toutes ces questions ont conduit les institutions gouvernementales élues à reconsidérer le rôle de l'Etat dans la vie des citoyens.
Les réformes du principe même de l'Etat n'a pas été une opération spontanée initiée depuis un point d'origine puis propagée dans l'espace économique et institutionnel européen. Cette réforme en profondeur est née d'une réflexion importante et multinationale au sein de plusieurs commissions européennes incluant aussi bien les représentants politiques, que les acteurs industriels, les fédérations syndicales, les associations professionnelles et de nombreuses entités populaires rassemblées autour de projets numériques pilotés tantôt par des spécialistes de l'action politique, que par des techniciens ou tout simplement des citoyens impliqués dans le processus de développement de leurs communautés.
Une telle concentration n'a été rendue possible que par le développement considérable de l'économie numérique dans la plupart des pays européens et surtout par une participation populaire sans précédent aux débats, aux rapports et aux résolutions prises par les différents états et par les institutions européennes. L'architecture à la fois régionale et transnationale de ce projet a permis de tenir compte de certaines particularités et d'adapter le projet de réforme à chaque région sans pour autant dévier des lignes de force caractéristiques de la réforme des appareils institutionnels.
Ces réformes se sont articulés sur des principes connus et repris souvent dans des contextes différents ou nouveaux de leurs intentions d'origine.
Le concept central aura été celui de « la main invisible ». Adam Smith croyait certainement à la création infinie de richesse, mais l'histoire nous a appris que ces dernières reposeraient sur des ressources infinies. L'absence de ressources infinies et l'économie de la rareté auront donc conduit à réviser le concept de la main invisible afin de lui donner un corps réel. Plutôt que d'attendre une intervention quasi-divine ou mystique, cette main invisible serait l'Etat.
Désormais, au coeur de l'économie se trouve un appareil institutionnel léger qui a essentiellement un rôle de surveillance doté de pouvoirs de réglementation et d'arbitrage final. La gestion des différents corps institutionnels clés sont confiée à des organismes privés suivant des règles strictes permettant de combattre à la fois la ploutocratie, les situations de monopoles et les leviers d'influence d'un capitalisme sauvage. Les entreprises impliquées dans l'administration des territoires et des biens publiques sont construites sur le modèle démocratique participatif et pleinement représentatif. La propriété des corps institutionnels reste à 100% la propriété des citoyens, y compris les acteurs financiers ou industriels pris en leur qualité première de simple citoyens. Les équilibres ne se font plus en fonction du poids économique mais bien selon le mode de la participation individuelle.
Dès le départ, le postulat reposait sur une large adhésion populaire et une participation active des citoyens à la constitution et à la gestion de ces nouveaux corps institutionnels. La contrepartie de celle-ci était l'abandon total des taxes pesant sur les individus et l'exonération des taxes sur les entreprises à hauteur de leur investissement dans les services publics. Le bénéfice de ces derniers ayant des retombées universelles sur l'ensemble des citoyens sans différence de fortune ou de statut. Le profit privé a été évidemment plafonné mais plutôt que de taxer l'excédant, la mise en place d'un système d'investissement à long terme dans des fonds structurels a permis un étalement des profits dans le temps au bénéfice des acteurs les plus dynamiques et ce parfois sur plusieurs générations.
Ces fonds structurels se sont bâtis autour du principe d'une monnaie franche basée sur le produit du travail. Perdant de sa valeur au fil du temps, cette monnaie est sortie du circuit de la spéculation monétaire internationale. Les fonds structurels sont devenus la réserve la plus stable pour financer tous les projets d'envergure nationales et internationales et ont permis à nombre de fortunes personnelles de trouver un terrain d'opérations philanthropiques à leurs mesures. D'autant que l'échelle européenne de cette réforme a eu un effet d'entraînement déterminant sur la transformation des économies américaine et asiatique. Enfin afin de limiter l'évasion fiscal, les outils de surveillance de l'Etat, désormais invisible, ainsi que sa capacité de réglementation ont instituer la conversion instantanée de tous les flux financiers transitant par des paradis fiscaux reconnus en réserve de fond structurel européen.
L'ensemble de ces mécanismes se sont doublés de mécanismes de responsabilité et de mandature tournants et non cumulables pour la fonction publique, sans différence de poste, de statut ou de niveau de décision. A la manière des tirages au sort de justice pour les tribunaux d'assises, tout citoyen peut être désigné pour une mandature à des échelons correspondants à ces compétences professionnelles. Car s'il est clair que la politique est une nécessité, elle est aussi l'affaire de tous et non celle de professionnels de la politique.
Ainsi l'Etat n'a pas disparu mais a opéré une authentique fusion avec la population qu'il était censé représenter. Ses moyens et ses objectifs restent les mêmes : santé, salubrité, sécurité. Mais la nature de son action devient celle du pragmatisme économique, de la prévention des risques et surtout de la régulation des dérives et des excès d'un libéralisme qui oublierais l'élément central de sa raison d'être : le bien commun.

jeudi 27 novembre 2008

2025 : prévenir les risques pour la santé publique

Prévoir les risques de santé se révèle une tâche impossible. Le nombre de facteurs et d'interactions en jeu étant indénombrable et incalculable, les rêves de pronostic de santé dès la naissance de l'individu restent un désir aux limites de l'eugénisme qui n'a aucune chance de se réaliser.

Comment être si affirmatif sur l'impossibilité de prévoir les risques de santé ? L'histoire des sciences, et plus particulièrement celles de la biologie et de la génétique, nous montrent des projets aussi complexes qu'aboutis de cartographie du vivant et du génome humain. Pourtant il n'est toujours pas possible de prévoir les risques de santé du fait de l'interaction constante de l'individu avec non seulement les autres individus mais aussi du fait de son existence dans un milieu d'une complexité encore à épuiser. D'autre part, des études se multiplient afin de montrer que l'interaction des agents chimiques de fabrication humaine ont des incidences innombrables sur le développement et l'existence des êtres vivants, même dans des fractions que l'on croyait jusque ici trop faibles pour avoir un impact avéré.
Il apparaît donc que ce n'est pas tant l'allongement de la durée de la vie des individus qui pose problème pour le financement et la gestion des systèmes de santé publique mais bien la prévention des risques provenant de nos propres actions et influences sur le milieu, les populations et l'individu. Vieillir ne sera pas un problème si nous travaillons à l'éradication des affections comportant des risques majeurs pour la santé. Mais nous ne pouvons occulter la nécessité de l'élaboration d'une véritable politique de prévention et de contrôle des substances et des produits introduits aussi bien dans l'univers médical, que dans l'environnement, le monde animal ou végétal.
Sans invoquer des menaces encore indéterminées provenant des innombrables produits chimiques dont nous inondons nos champs, nos rivières, nos villes et notre atmosphère, il suffit de mesurer les dégâts qu'ont pu avoir des fléaux comme l'amiante, la peinture au plomb ou la contamination du sang sur notre environnement et sur les populations exposées. Ces risques ont été entièrement fabriqués par notre société, nos actions et les méfaits tant humains qu'économiques sur la santé publique se poursuivront au moins sur les trois ou quatre prochaines générations.
Alors plutôt que de se concentrer sur les pathologies hypothétiques et statistiques, il nous faudra nous préoccuper des risques potentiels que font peser des intérêts privés sur la santé publique et démontrer autant de solidarité et de rigueur que nous en démontrons pour la mutualisation du coût des soins. Car il est impossible de parler d'une nouvelle façon de vieillir, ou d'un nouvel âge de la retraite, si ceux et celles qui entrent dans ces périodes doivent faire face à de nouvelles menaces provenant aussi bien de leur alimentation que de leur habitat, ou tout simplement des produits d'usage courant que nous trouvons dans leurs salles de bain, WC, cuisines, salons, garages, jardins, etc.
Effectivement, il ne faut pas tomber dans la « fascination technologique » d'une logique mécanique et statisticienne dans l'examen et la considération médicale de l'individu. Dans ce domaine, l'anonymat et la mutualisation restent le meilleur bouclier en matière de solidarité et de soins. Mais un « voile d'ignorance » ne peut être maintenu sur les médicaments ou les équipements hospitaliers, pas plus que l'on ne peut ignorer l'impact déterminant qu'ont désormais l'industrie, la chimie et la technologie sur notre vie et celle de notre planète.
La prévention est la meilleure des stratégies de santé publique. Elle est aussi la stratégie clé de la salubrité, corollaire assez négligé d'un système de santé publique qui se doit de devenir efficace et peu coûteux. A l'instar des dispositifs médicaux, des outils de surveillance et de dépistage beaucoup plus performants devront être développés pour garantir les conditions d'innocuité véritable des produits auxquels nous exposons quotidiennement le citoyen. C'est la première étape pour protéger la population en 2025 et la condition incontournable pour anticiper la santé de demain et participer à une juste évaluation des politiques publiques en la matière.

mercredi 19 novembre 2008

Vivre en 2025 : générations 2K

Nés pendant la première décennie du 21e siècle, la jeunesse de 2025 se nomme elle-même la génération 2K. Discrets, invisibles dans l'espace urbain, dociles et complètement intégrés dans la société et dans l'économie, leurs vies privées sont 100% numériques.

Ce que l'on croyait n'être qu'une frange de la population des moins de 25 ans au début du 21e siècle s'est transformé rapidement en tendance forte puis en authentique phénomène de société, touchant près de la moitié de la génération 15-25 ans. Ceux de la génération 2K, comme ils aiment à se faire appeler, ne vivent pas dans notre monde. Lorsque vous les croisez, ils sont discrets, réservés, sans traits saillants. Socialement, ils ne posent aucun problème, consomment peu, épargnent beaucoup, ne sortent pas. Leurs vies ne se déroulent pas dans notre quotidien réglé et ennuyeux.
Les 2K vivent dans les univers numériques en ligne. Issus des grands classiques (Sim's, World of Warcraft, Everquest, Second life, etc.), les univers persistants allient à la fois les mécanismes des jeux vidéo multi-joueurs et des mondes tridimensionnels du Web 3.0. Les utilisateurs peuvent y créer autant d'identité qu'ils le souhaitent, s'impliquer dans des communautés, s'investir dans des scénarios thématiques de tous les genres littéraires et cinématographiques possibles. De l'autre côté les animateurs et les producteurs construisent des univers audiovisuels, des services d'habillage, des studios de conception et de design et toute une panoplie de commerces divers allant des objets de collection aux services bancaires dématérialisés.
Pour les tranches d'âge encore scolarisée, l'éducation nationale a toutes les difficultés du monde à les détecter et à essayer (souvent sans succès) de les faire revenir dans le monde réel. Capables d'obtenir des résultats satisfaisants, les 2K ne se révèlent bien souvent qu'au bout de leurs cursus qu'ils abrègent volontiers contre un emploi stable, même faiblement rémunéré.
Vivant dans une économie virtuelle et dans des univers parallèles, les 2K n'ont que très peu de relations sociales dans le monde physique quotidien qu'ils ne considèrent ni comme réel, ni comme digne d'intérêt. La très grande majorité d'entre eux et elles s'acquittent de ce qu'ils appellent le « bad dream », c'est-à-dire les tâches quotidiennes. Leur consommation matérielle est extrêmement faible et ils figurent parmi les plus gros épargnants sur les tranches de salaires les plus basses de la population active.
Avec une nette préférence pour la colocation, ils partagent des appartements relativement réduits (env. 10 mètre carrés par personne) et mutualisent les équipements de connexion au réseau mondial, ayant ainsi accès à des services généralement réservés aux entreprises. Leur espace de vie est standardisé et construit autour d'une dalle Full 3D en 2K (soit une image HD en 2048 pixel cube) mais pas trop volumineuse (en moyenne 30 pouces), un système audio spatialisé, une excellent isolation phonique (afin de ne pas gêner, ni être gêné) et la dernière génération de VR-Node (litt. Borne de réalité virtuelle) connectée disposant généralement d'un éventail d'accessoires assez conséquent tirant partie des dernières prouesses technologiques en Réalité Virtuelle.
Les générations 2K sont un segment énorme du marché de l'informatique et du jeu vidéo, mais son mode transactionnel est presque exclusivement virtuel. Et ce sont donc des 2K qui peuplent les plate-formes de vente en ligne des principaux acteurs du marché. Ce sont aussi des 2K qui dirigent les départements marketing des géants du divertissement numérique.
Difficiles d'accès pour les prospecteurs conventionnels, les 2K vivent dans leurs mondes, avec les leurs et selon leurs codes. Mais plus qu'un seul univers parallèle, les 2K peuplent des centaines de mondes virtuels et des centaine de milliers de communautés dans lesquelles la langue n'est plus une barrière grâce aux systèmes de traduction performants qui équipent les eComs ou les plate-formes voix des grands plateaux de télémaintenance et de commerce en ligne.
Disposant d'un poids déterminant sur l'économie via une épargne colossale au niveau mondial, les 2K sont devenus en quinze ans un autre monde au sein de notre réalité. Sans revendications, ni volontés politiques, ces jeunes gens ne posent pas de problème majeur. Et tant qu'ils et elles n'auront pas d'autre action sur la société que de remplir leurs fonctions dans leurs emplois, régler leurs factures et payer leurs impôts, leurs communautés ne seront pas considérées comme un risque pour la population vivant de ce côté-ci de la réalité.

mardi 18 novembre 2008

Vivre en 2025 : quand la PAC aura disparue

Dans un contexte de guerre économique mondiale, les accords de la Politique Agricole Commune étaient perçus comme des entraves à la concurrence libre et non-faussée chère aux neo-libéraux européens.

Alors que tous les agriculteurs la craignaient, la disparition de la PAC dès 2012, a provoqué un bouleversement inattendu pour la France. Dès la première année sans subventions, les fédérations paysanne, les coopératives et les groupes d'intérêt économiques de l'agriculture se sont mis à plancher sur les alternatives à une politique de soutien étatique qui finalement profitait davantage aux grands groupes agro-alimentaires et aux grandes chaînes de distribution.
Les nombreuses expérimentations effectuées tant dans le domaine de la distribution directe que dans celui des engrais et produits de protection naturels ont très rapidement trouver un terreau fertile auprès des exploitations de petite et moyenne dimensions, permettant de réduire radicalement les dépenses d'exploitation et de remonter les prix de vente des produits agricoles.
Grâce au développement et surtout à la démocratisation de l'économie numérique française, les PME agricoles ont vite constitué des communautés de consommateurs régionaux, des réseaux d'échanges et de distribution de proximité et construit un tissu professionnel d'un genre nouveau. L'effort pédagogique des fédérations paysannes a contribué considérablement à la transition d'une grande partie des PME agricoles à une culture biologique et durable sans réelle perte de résultat au niveau de l'exploitation et à des méthodes alternatives à l'usage conventionnel de pesticides et d'engrais chimiques.
Au niveau européen, les grands perdants de cette disparition de la PAC ont d'abord été la Grande Bretagne qui n' a plus bénéficié de sa ristourne arrachée de main de maître par Me Thatcher. Indirectement, les pays nouveaux entrants de tradition agricole n'ont pas pu bénéficier d'une révision ou d'une extension de cet accord.
Au niveau économique, cette mesure apparemment libérale a permis à une foule de PME agricole de passer sous les filets libéraux des groupes agro-alimentaires, pharmaceutiques, semenciers et surtout des fabricants de produits chimiques agricoles. Bien que le manque à gagner n'ai pas été détecté immédiatement, les cinq années qui ont suivit se sont montrer décisives et l'intense lobbying privé auprès de Bruxelles n'a pas porté ses fruits. Le principal ennemi des lobbyistes a été l'institut européen de l'AOC mis en place dès 2010, principal défenseur des terroirs, et très défendu par les élus souverainistes ou nationalistes des différents pays concernés par cette « revanche agricole ».
En 2025, l'agriculture française se porte bien, grâce à un tissu local désormais soutenu par les institutions régionales et par la participation active et citoyenne des consommateurs. De nombreuses coopératives ont éclaté, se libérant de dispositifs contractuels défavorables et de nombreuses sociétés de service se sont constituées autour de places de marché virtuelles mettant en relation les PME agricoles et les consommateurs. Les AMAP se sont multipliés, diversifiés et développés pour atteindre des niveaux qualitatifs et quantitatifs comparables aux Teikei japonais, leaders de cette forme d'agriculture citoyenne.
Désormais, la France fait partie des pays participants au programme pédagogique agricole des Nations unies. Ce programme a pour objectif de permettre aux pays les moins développés de bénéficier d'un véritable échange culturel et technique agricole permettant à chacun d'apprendre et de développer des programmes de recherches autour de l'agriculture en matière de production d'énergie, de gestion des sols, de gestion des ressources, d'organisation de la distribution, et de nombreux autres domaines techniques et culturels. Ce tirage vers le haut par un partage des connaissances réciproque a permis la sortie de nouvelles régions du monde de la faim et une entrée dans l'économie mondiale.
Ce retournement de situation n'a pas affecté bien longtemps les grandes chaînes de distribution qui ont rapidement trouvé des produits alimentaires concurrents dans les pays de l'Est et en Asie. Ces derniers permettent de combler les demandes et les besoins de la population immigrée en provenance essentiellement du sous-continent indien et de la Chine et qui ne peut trouver auprès des structures de proximité les denrées traditionnelles de son alimentation.
Sans aucun doute la disparition de la PAC, à un moment où les principaux intérêts privés du secteur agro-alimentaire ne s'étaient pas concertés pour verrouiller leur marché, a été l'une des mesures qui aura permis une réelle avancée de la politique de développement durable et de protection de l'environnement. Les retombées directes et indirectes de cette authentique libéralisation de l'agriculture sont nombreuses aussi bien dans le domaine de la santé, que du regain de l'exportation des produits de terroirs qui ont remplacer l'exportation des produits de base, ou encore du retour d'une forte proportion de jeunes au métiers de la terre et aux services qui l'entourent désormais. La France, souvent modèle en matière de réformes, s'est, une fois encore, illustrée comme un leader de l'innovation dans un domaine que l'on croit, à tort, fermé au progrès.

Vivre en 2025 : la salle de cinéma, point de convergence des spectacles

Entre les projecteurs numériques et les serveurs de média en réseau, la salle de cinéma est devenue le point de convergence de tous les spectacles audiovisuels, des spectacles vivants et des divertissements thématiques.

Alors que les débuts du numérique cinéma furent difficiles tant les acteurs du moment étaient empêtrés dans des processus traditionnels, la prise en main des régies publicitaires cinéma par de grands groupes média transnationaux (Viacom, CBS, JC Decaux) n'a laissé que peu de place aux protestations et aux atermoiements des professionnels de l'industrie cinématographique européenne. Les enjeux d'une communication ciblée sur un public toujours plus nombreux dans les multiplexes et les gros complexes cinématographiques équipés en moyens de diffusion numériques ont intéressé les géants de l'affichage public dès lors que le nombre de salles européennes a représenté un segment non négligeable des supports de communication.
Outre les performances techniques apportées par l'équipement de projection numérique en haute définition (2K et 4K), c'est surtout le réseau de serveurs de distribution (dans les salles et dans les centres de distribution) qui ont bouleversé la distribution cinéma. Mais ce bouleversement auquel ont résisté tous les syndicats des professions du cinéma pour finalement capituler devant la pression financière des fonds d'investissements spécialisés dans l'audiovisuel, a également sonné le glas de nombreuses autres formes de spectacles vivants et de scène.
Le théâtre, l'opéra, le music hall, autrefois réservés à une frange aisée du public ou aux gros comités d'entreprises a vu son chiffre d'affaire sévèrement amputé par les diffusions de captations de toutes sortes dans les nouvelles branches « culturelles » des puissantes chaînes d'exploitants. Incapables de se renouveler et de proposer des programmes moins coûteux et surtout un choix plus diversifié pour le grand public, une grande partie des théâtres ont été convertis en salles de cinéma numérique. Les salles de concert et d'opéra se sont pour la plupart équipées de système de diffusion leur permettant d'offrir des spectacles de captation d'archives ou de captations distantes. Seuls les spectacles de cabaret et les café-concerts ont réussi dans les quinze dernières années à conserver une économie flexible et solide face à l'invasion numérique des salles de spectacles.
La flexibilité des moyens techniques, la baisse radicale des coûts de production aidée par la concurrence internationale et par une réelle politique de subventions européennes, et la diversité des programmes ont permis de renouveler tant la production et la distribution de spectacles que de permettre le déploiement de régies publicitaires européennes et mondiales bénéficiant d'une segmentation de marché semblable à celle des autres médias audiovisuels (télévision numérique, internet, téléphonie mobile, consoles de jeux).
Aujourd'hui, la salle de cinéma est le point de convergence de tous les spectacles. Pour le prix modique d'un abonnement annuel à moins de 100 euros, les spectateurs bénéficient d'une offre multiple, tirant partie de tous les créneaux horaires, proposant aussi bien des films, que des comédies musicales, des concerts, des spectacles de danse, des scénographies d'avant garde ou tout simplement des retranssmissions mondiales d'événements sportifs, culturels ou politiques. La plupart des multiplexes et même les salles numériques indépendantes se doublent de services de restauration, de boutiques médias, et de services associés. Le cinéma est la soirée par excellence.
Longtemps attraction de foire, le cinéma est devenu en 2025 le loisir culturel de prédilection des français comme des européens. Le cinéma est passé d'un « art » traditionnel, lourd et onéreux réservé à des investisseurs spécialisés et à hauts risques à une véritable industrie numérique florissante bon marché et à fort rendement. A l'arrivée, le consommateur s'y retrouve.

lundi 17 novembre 2008

2025 : la culture, un simple produit de consommation

Où est la culture en 2025 ? Autrefois sphère intellectuelle et publique d'échanges d'idées et d'exposition des systèmes de pensée, la culture est maintenant un simple segment de marché de l'économie numérique.

En 2025, la culture aura-t-elle disparue ? En tant que segment de marché des biens immatériels de consommation, les produits culturels auront encore leur place tant dans l'économie numérique qui leur permettra une évolution majeure.
La formation continue tout au long de la carrière professionnelle et la dématérialisation de la scolarité permettront la diffusion d'une panoplie entière de nouveaux produits culturels destinés à l'éducation et aux mises à jour du savoir professionnel et technique.
L'extension des chaînes de diffusion de contenu, même embarrassées par l'intense parasitage des copies illégales, des reprises et détournements et des rediffusions massives, offrira un champ d'action vaste et étendu aux producteurs de contenus audiovisuels et sonores.
Enfin le développement de l'économie numérique nécessitera un surcroît prodigieux de produits culturels de divulgation, de manuels de fonctionnement, de documentaires communautaires, de didacticiels audiovisuels afin de familiariser la population avec les différentes fonctions de leurs appareils et permettre ainsi l'émergence des services associés.
Seule victime de cette révolution : l'édition littéraire. Faute de temps et de compétence, la lecture est déjà devenue le parent pauvre des premières générations du 21e siècle. Le livre est lentement en train d'être remplacé par l'audiobook et les sites collaboratifs du Web 2.0 entraînent une usure considérable sur la lisibilité des idées et surtout sur leurs origines. Les sites révisionnistes, les soi-disant sites encyclopédiques et les agrégateurs de contenus brouillent tellement l'information qu'il devient de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux, ou plutôt l'exactitude historique et manifeste du mensonge fabriqué ou de l'interprétation dirigée.
La fin annoncée de la presse et du papier, la transition vers le support numérique et la possibilité nouvelle de mettre sur un même plan d'égalité technologique les différents médias (écrit, sonore, visuel) porteront le coup fatal à l'édition littéraire que la communication par téléphonie mobile annonce déjà aujourd'hui.
L'économie numérique a la qualité de dématérialiser les supports du savoir et donc de la culture. En revanche, cette révolution a pour prix le démantèlement de plusieurs secteurs entiers de l'industrie et donc la nécessité de recycler du personnel et du savoir-faire incompatible avec les nouveaux supports.
L'usage de la technologie numérique a pour sa part les qualités d'accessibilité universelle (ou presque), de vitesse, d'abondance et de coût quasi nul. Mais les contreparties pour la culture sont particulièrement alarmantes. La mutation de la définition de la propriété intellectuelle, la mise en coupe réglée des moyens de diffusion comme des moyens d'accès, la dépendance des infrastructures techniques et de l'informatique et surtout la suprématie des groupes médias et des intérêts privés sur le patrimoine culturel et sur les services ne sont que les premières étapes qu'il faut étudier pour conserver l'héritage démocratique introduit par le livre.
Dans le nouveau monde numérique de 2025, il est certain que la sphère intellectuelle et publique d'échanges d'idées et d'exposition des systèmes de pensée aura migré du livre vers l'espace audiovisuel public. Le temps de la pensée ne sera plus celui de la lenteur réfléchie du livre, mais celle de la réaction rapide du dialogue direct. Nous reviendrons vers la tradition orale originelle. Et plutôt que de s'échanger des idées, nous échangerons des points de vue.
La culture, telle que nous l'entendons et la lisons aujourd'hui, aura probablement disparue et nos enfants se demanderont comment nous faisions sans Google, Wikipedia, la téléphonie mobile et les réseaux planétaires... La preuve est déjà là : le site de France 2025 où vous lisez ce billet. Cherchez la culture dans les différentes catégories. Vous ne la trouverez pas...

vendredi 14 novembre 2008

2025 : Sous le soleil des médias, rien de nouveau...

On voudrait croire à un éclatement des médias qui conduirait à une démocratisation des chaînes, une diversification des contenus et à l'essor de la pluralité numérique. Mais sans mode de financement différent et sans concessions sur la vie privée, pas d'argent, donc une offre limitée et sans imagination.

Les médias se dirigeraient vers un éclatement pluraliste et diversifié si, et seulement si le financement majoritaire de ces mêmes médias étaient capable de se diversifier et de devenir pluralistes.
L'essentiel du financement des médias provient de la publicité. Et la seule piste suivie et développée par le marketing et la communication sur le Web est la collecte et l'utilisation des données personnelles à fins de ciblage des offres et de tracking des prospects. Or, nous savons que les internautes, actuels et futurs, sont extrêmement résistants et hostiles à l'utilisation de leurs données personnelles sur Internet. Ce qui renvoie la publicité à des méthodes conventionnelles et éculées d'affichage dont les retombées et la transformation sont limitées, d'une valeur discutable et difficiles à intégrer dans des stratégies de communication.
Oui, les internautes démontrent (comme aux Etats-unis) un basculement de la télévision conventionnelle vers le webcast, la télé sur internet, mais ils ne changent pas vraiment leurs modes de consommation de programmes. Ils recherchent des niches exposées par de grands groupes médias (Manga, Séries, Clips, Reality Show, etc.) sur des médias conventionnels et s'y cantonnent. Pour l'instant et pour les quinze prochaines années, la télé sur Internet ne fera que compléter l'offre généraliste. De plus, le financement, même modeste d'une WebTV, sera soumis à la participation financière d'un ou plusieurs acteurs majeurs (chaînes, sociétés de production, éditeurs, groupes de communication, agence de presse ou de communication). Cela ne fera qu'accentuer la dépendance du Web vis-à-vis des grands groupes média en place.
Enfin, le manque d'investissement institutionnel et la complexité des aides et subventions accordées à la constitution de WebTV culturelles indépendantes fini de laminer les initiatives alternatives qui doivent se replier sur les méthodes de financements classiques dont les habitudes conservatrices les font pencher vers les projets sans risques et peu innovants.
Sans publicité et sans financement, des segments entiers de contenus potentiels sont condamnés à ne pas émerger faute d'agréger suffisamment de masse critique pour intéresser les investisseurs. Ce ne seront pas les demandes qui manqueront en 2025, mais bien et bel les offres.

mardi 4 novembre 2008

Révolutions : la prise de risque des banques en 2025

Les récents effondrements financiers manifestent une prise de risque démesurée pour laquelle les banques plaident silencieusement la non-responsabilité. En 2025, la prise de risque devra être supérieure à la norme actuelle et la responsabilité partagée.

La prise de risque semble exclue du vocabulaire social. Alexandre Saubot insiste sur France 2025 sur la nécessité de remettre en selle la notion de risque qui accompagne et soutient les efforts des entreprises et de tout mouvement évolutif des individus comme des sociétés. Cependant, il est remarquable de voir combien cette culture du risque zéro nous a été imposée essentiellement par le secteur financier et particulièrement par les banques et les grandes compagnies d'assurance.
Cela n'a pas empêché les récentes catastrophes boursières et des prises de risques inconsidérées et aveugles sur les marchés financiers. Le résultat est une rétractation radicale du crédit et donc de l'investissement. Les effets pervers de cette crispation sont particulièrement durs pour le tissu innovateur que représentent traditionnellement les PMI-PME. Pourtant, ce ne sont pas les entrepreneurs et les créateurs d'entreprises qui sont à la cause de cet effondrement du système financier et de la défaillance de ses dispositifs de surveillance.
L'intervention des états dans le sauvetage de grandes institutions financières, de banques et de compagnies financières partout dans le monde cautionne la non-responsabilité de ces mêmes organismes dans leur gestion indigente du risque et leur goût immodéré pour les profits rapides et considérables dans des produits financiers immatériels et déconnectés de la réalité industrielle et technique. Et bien que cette intervention publique soit une nécessité absolue pour endiguer les mouvements de panique et la possibilité d'une implosion de l'économie réelle, les récentes « affaires » démontrent une certaine forme d'inconscience et de mépris vis-à-vis de l'économie du réel.
Nombreux sont ceux qui depuis se sont mis au travail pour tirer des conclusions, proposer des réformes et mettre sur pied des systèmes alternatifs à l'actuel monde de la finance. Mais il ne suffira pas de voter des lois ou de poser des contraintes, des limites ou des gardes-fous pour permettre la remise en cause de la culture actuelle du risque.
Comme le dit Alexandre Saubot dans sa courte contribution, le risque fait partie intégrante de la démarche d'évolution des êtres, des sociétés et des techniques. Mais ce risque ne peut plus être considéré comme un mal nécessaire, ni non plus assumé comme le fait d'un seul responsable. Pour permettre un renouvellement de la politique du risque en France, la pédagogie invoquée en la matière doit s'appliquer en premier lieu sur les agents de mutualisation du risque : les banques et compagnies d'assurance.
Le déficit d'imagination et l'incapacité de partenariat des banques et des organismes d'assurance en matière de prise de risque est stupéfiant. Et cela en dépit d'une communication tapageuse et contradictoire. Tout entrepreneur français connaît l'adage de notre pays qui veut « que l'on ne prête qu'aux riches. » Derrière cette devise lapidaire et caricaturale se cache une réalité : le risque ne fait pas partie de la culture bancaire française et encore moins de la culture des assurances.
Non seulement le risque doit être absent des relations avec les banques et les assurances, mais en cas d'échec, à ce jour, c'est toujours l'entrepreneur ou le décideur qui assume la totalité des conséquences de l'échec. Ainsi, on cherche le bouc émissaire pour dédouaner les incapacités et les erreurs d'appréciation et de gestion des institutions privées (ou publiques).
En 2025, la vitesse de renouvellement technique, l'éclatement des foyers d'innovation et la globalisation des efforts d'entreprise seront les facteurs clés du développement des marchés et des sociétés. Pour faire face à cette accélération planétaire dont les enjeux sont considérables, il faudra faire face à des risques multiples et à la mesure des enjeux. Pour réussir dans un tel contexte, il faudra plus qu'une culture du risque. Les principaux agents de mutualisation des richesses et du développement économique doivent dès à présent adapter leurs outils d'appréciation, de gestion et d'aide à la décision à une réalité économique en constante mutation. Et surtout, tous ces outils doivent retrouver une plus grande part de maîtrise humaine, seul principe actif capable de mesurer le risque au delà des logiques primitives et indigentes des machines.

lundi 3 novembre 2008

Vivre en 2025 : transformations à vue

Ce sont les progrès technologiques en matière de chirurgie plastique et de modifications esthétiques corporelles qui ont radicalement changé la face de la France en même temps que celle du monde.

Changer est le maître mot de 2025. Les technologies cosmétiques n'ont pas vraiment bénéficié d'une avancée majeure tant leur degré de sophistication était déjà élevé dès l'entrée dans le 21e siècle. En revanche les technologies d'altération physique ont propulsé la chirurgie plastique et les techniques de reconstruction et de modifications esthétiques à la première place des technologies les plus utilisées par les citoyens tant français qu'européens.
L'introduction progressive d'agents biologiques à la fois évolués et intelligents dans l'arsenal des cliniques privées ont permis d'authentiques prodiges. Il ne s'agit plus seulement de reconstructions capillaires, de modifications mineures, d'implants ou même de rectifications esthétiques. Le génie génétique a permis de produire des agents actifs entièrement générés en laboratoires capables d'altérer en des temps courts la pigmentation de la peau et des cheveux, la densité pileuse, la souplesse des tissus externes aussi bien que les fibres musculaires et les cartilages.
Alors que la médecine et la chirurgie sont intervenues sur des maladies longtemps considérées comme inévitables ou incurables, les techniques dites de confort ou d'esthétique ont multiplié leur activité de manière géométrique. La sculpture de soi, longtemps pensée comme un mouvement dandy et très intellectuel, est devenue une réalité démocratisée proposant à tout le monde les soins rêvés. Finies les rides d'expression précoces, les accidents d'exposition solaire, les tâches, les défauts de pigmentations.
Poussant la technologie esthétique dans ses frontières, certaines cliniques du Sud de la France proposent des transformations radicales et spectaculaires comme le changement de couleur de peau, de chevelure, de couleur des yeux. Donnant libre court à la créativité la plus débridée, certaines stars des milieux alternatifs collectionnent les implants les plus fous allant de la queue fourchue de diablotin, de cornes variées, de dentitions menaçantes ou encore de transformations qui font sortir l'individu des catégories normatives habituelles en matière de sexe, de taille, de type, de corpulence...
Les plus grands consommateurs de ces permutations apparentes sont les grandes organisations de fandom qui voient dans la transformation physique de leurs corps une adéquation encore plus forte avec leurs personnages cultes. Les artistes et personnalités publiques sont évidemment les autres grands intéressés par la palette presque infinie de possibilités de se distinguer davantage. Mais au delà des usages du spectacle et des communautés, les technologies de chirurgie immédiate, de rectifications esthétiques instantanées et de transformations rapides momentanées ou permanentes ont permis à une très large part de la population d'apporter des changements individuels, souvent discrets ou cachés, qui conduisent à une standardisation des types sociaux, des genres et des âges.

samedi 1 novembre 2008

Vivre en 2025 : zéro criminalité

Multiplication des systèmes de surveillance, renforcement de la sécurité personnelle et sociale, traçabilité des personnes, des biens et des capitaux, la société française de 2025, comme l'européenne, est une communauté sous monitoring.

En 2025, les réseaux de surveillance publics et privés se sont multipliés au rythme du déploiement des dispositifs européens de sécurité communautaire. La carte d'identité numérique, l'intégration des transactions dans les appareils de communication et le passage définitif à l'eEuro ont contribuer à l'éradication complète de la criminalité conventionnelle. La traçabilité des marchandises, l'implémentation de la technologie RFID et des systèmes de localisation des personnes et des biens (PinPoint™) par faisceau satellite ont augmenté la sécurité des transactions, le contrôle des industries et des produit dits « sensibles ».
Les réformes successives de la sphère financière mondiale ont permis de réduire l'ensemble des risques liés au blanchiment, à l'investissement douteux et aux malversations
Aujourd'hui seuls les groupes et organisations terroristes ont les moyens et les ressources électroniques et informatiques pour s'infiltrer dans les dispositifs de protection et de sûreté. Leurs cibles sont clairement identifiées comme l'armement, les produits chimiques, les composants électroniques de pointe et les équipements de télécommunication. Dans une moindre mesure, le détournement de comptes bancaires ou de cellules personnelles de paiement (généralement intégrées dans son eCom) restent l'une des infraction les plus courante après les activités terroristes.
La délinquance urbaine est encore une problématique mineure dans les secteurs métropolitains incontrôlées, les SMI, autrefois bidons-villes devenus des quartiers d'habitation reconnus par les institutions locales mais très difficiles à surveiller de par le manque d'infrastructures de base. Les forces de police régionales disposent généralement de moyens étendus de surveillance par satellite et d'intervention rapide aéroportée lorsque la situation l'exige. Dans les grands centres urbains fortement concentrés, la délinquance est circonscrite à des comportements déviants (essentiellement dus à l'absorption illégale de stupéfiants) et à des actes de vandalisme anecdotiques. Elle est inexistante ou presque dans les secteurs péri-urbains aménagés.
Le dépistage systématique des troubles obsessionnels à caractère sexuels et/ou violents dès l'entrée en cours préparatoire a permis, au niveau européen, de réduire considérablement la criminalité ordinaire aussi bien que les incidents sexuels ou violents. Le suivi professionnel des comportements à risques dans le monde du travail par les organismes de contrôle des conditions de sécurité et de santé public dans l'industrie et le secteur des services ont également permis de détecter et de circonscrire les épisodes violents et les débordements de tous ordres.
En 2025, nous vivons résolument dans une ère de sécurité totale en ce qui concerne la criminalité. Ce qui n'exclue pas la menace constante et importante du terrorisme. A la fois idéologique et antisocial, le terrorisme régional et international s'exerce à deux niveaux : la déstabilisation sociale et la destruction des biens et des capitaux. L'U.E. dispose d'une force militaire internationale capable d'intervenir aussi bien en milieu urbain fortement peuplé que de se projeter par voie aéroportée en tout point du globe dans les 24 heures. L'Europol dispose pour sa part de moyens accrus d'investigation électronique, de recueil d'informations sensibles, de renseignement et d'intervention à distance qui lui permettent de prévenir la plupart des conspirations d'envergure visant à rompre avec le cycle de paix entamé par les programmes européens de ces dix dernières années.

dimanche 26 octobre 2008

Vivre en 2025 : l'eCom

eCom, baptisé MISS par les anglo-saxons, est un écran tactile mobile et connecté. Entièrement articulé autour d'un écran de 5,5 pouces, l'eCom est le module universel de connexion qui équipe 78% de la population mondiale connectée. Doté d'une borne d'émission/réception convergente et d'une cellule de captation vidéo de 10 Mpix, l'eCom est détecté en permanence par le faisceau satellite PinPoint™ et profite de toute la puissance du réseau WiGLOBE tout en restant compatible avec les grilles locales HyperMAN dont l'architecture est encore basée sur les anciens et performants standards WiMAX.
Le débit de la génération eCom 3 est de 40 Mbit/s dans les zones urbaines et de 15Mbit/s dans les zones les moins denses. Ce qui permet des réceptions et émissions simultanées dans la plupart des points du globe. Les nouveaux modèles eCom 4, présentés récemment pendant l'A.World, intègrent les normes et les technologies 7G offrant des débits supérieurs à 100 Mbit/s en milieu urbain très concentré.
Né de la directive européenne en matière de convergence de l'innovation industrielle et technologique de 2012, l'eCom est un authentique produit transnational. Pas moins de 33 nations ont collaboré à la fabrication, production et finalisation de tous les composants, des technologies intégrées et des programmes d'exploitation. Le projet a bénéficié d'une réelle alliance entre intérêts financiers et politiques publiques. Depuis, les contenus, applications et services développées par des tierce parties privées comme publiques sont virtuellement infinies et couvrent les trois générations d'écrans de communication mobiles.
Depuis la mise sur le marché en 2015 des premiers modèles de génération 1, l'eCom est devenu l'appareil de communication audiovisuelle le plus répandu et le plus populaire dans le monde. Il équipe 67% de la population connectée, soit plus de 4 milliards de personnes. Sa technologie de traduction simultanée, son interface visuelle intuitive et exclusivement tactile, ses codes d'association de formes et de couleurs, son interface vocale et la qualité des performances de réception et transmission vidéo en ont fait l'équipement domestique et professionnel le plus révolutionnaire depuis l'invention et la diffusion mondiale de la télévision du 20e siècle.
L'eCom n'est pas un simple appareil de transmission, ou bien un smart phone évolué. Il intègre des technologies d'aide à la décision, d'anticipation et de planification, d'information sélective, ainsi qu'une grille de filtrage très puissante et entièrement paramètrable. Ses performances informatiques lui permette de concurrencer avantageusement les tablettes informatiques, les produits de micro-informatique mobile et les lecteurs multimédia classiques. Entièrement compatible avec les périphériques et les accessoires courants, le eCom devient en un seul geste l'unité central au centre de tout dispositif privé ou public, personnel ou professionnel.

samedi 25 octobre 2008

Vivre en 2025 : des écrans en réseau

Depuis l'introduction, puis la commercialisation massive, des eCom (écrans de communication mobiles) en Europe, que les anglo-saxons ont baptisés MISS (Mobile Internet Service Screen), le citoyen européen peut désormais converser en direct et en visuel avec n'importe quel citoyen des différents continents. La traduction simultanée des échanges, la qualité de la prise de vue et de restitution sur l'écran tactile total de 5,5 pouces permet un présence réelle à chaque bout de la liaison.
Il n'aura finalement fallu que dix ans pour établir une couverture universelle compatible tous appareils dans la plupart des zones habitées de la planète. Les zones désertiques étant essentiellement couvertes par des liaisons satellites de faible intensité pour des raisons de coûts. Il avait fallu deux fois plus de temps pour déployer le réseau de fibre optique d'Internet et couvrir seulement une partie du monde de liaisons téléphoniques mobiles. Le déploiement du réseau téléphonique commuté terrestre avait demandé plus de 50 ans.
Le iPhone, pourtant précurseur de l'eCom, est devenu presque une pièce de musée seulement utilisée par les inconditionnels des systèmes d'exploitations alternatifs et les collectionneurs d'équipements anciens. Apple Contents, filiale 100% services mobiles du groupe média Apple Networks, l'a ressortit des galeries d'exposition de la fondation Jobs afin de montrer l'appareil qui avait permis au groupe de devenir le premier distributeur mondial de contenus et de services sur tous les écrans de notre quotidien. Cela avait lieu à Paris, lors de l'inauguration du A.World qui se tient désormais chaque année au Palais des Expositions des Halles depuis son ouverture aux congrès et conventions internationales en 2019.
La France, également initiateur historique des premières connexions grand public permanentes et gratuites, était une fois encore à l'honneur avec la présence des principaux acteurs de la technologie mobile mondiale et de la distribution de contenus et de services. Les personnalités du monde politique européen et les nombreux invités étrangers des quatre continents ont pu découvrir la dernière génération d'écrans mobiles (eCom 4), les dalles cinématographiques géantes qui équiperont bientôt les multiplexes européennes et asiatiques, ou encore les systèmes de projection atmosphériques sur aérosols pour ne citer que les innovations les plus spectaculaires de ce A.World 2025. Le mot d'ordre de cette année était « tous les écrans de votre vie ».
Chacun a pu télécharger ou enregistrer sur son eCom l'ensemble des 245 captations automatiques de l'inauguration et profiter ainsi des présentations en déroulement simultané sur les différents plateaux des 45 000 mètres carrés d'exposition qu'offre le complexe des Halles. L'événement rassemble plus de 38 000 distributeurs régionaux et transnationaux venus de toutes les parties du globe pour rencontrer les 6 ou 7 millions de visiteurs et utilisateurs physiques qui viendront pendant une semaine vendre et/ou acheter des contenus et des services pour leurs usages personnels ou pour leurs canaux de diffusion privées ou communautaires.
L'inauguration et l'ensemble des principales manifestations de la semaine seront suivies en diffusion directe ou différée sur l'ensemble du Réseau mondial et clonés simultanément dans les principales communautés virtuelles du Web-3D. Le nombre de visiteurs uniques dépassera, cette année, les deux milliards, faisant du A.World la troisième plus grande manifestation numérique mondiale derrière la StarFair de Shenzhen et la finale du Superbowl panaméricain et devant la World Century Convention du consortium IBM-Microsoft.

Prévoir une société numérique

Comment prévoir l'avenir en n'ayant que des outils du passé ou du présent ? Ce paradoxe ne peut être surmonté qu'en revenant à la source de toute innovation.

S'il y a quelque chose de réellement planétaire à ce jour, c'est la part, en progrès constant, de la technologie dans notre quotidien.

Où que l'on soit, la technologie se manifeste au travers des téléphones cellulaires, des ordinateurs portables (quand il ne sont pas de poche), des lecteurs de codes barres, des guichets automatiques, des écrans plats ou simplement par la floraison de baladeurs numériques et de consoles de jeux portatives.

Cette profusion d'instruments miniaturisés capables de communiquer, d'accéder à des bases de données, ou d'effectuer des transactions commerciales, change considérablement les mentalités et les habitudes sociales et individuelles. Elle génère également des disparités et des inégalités qui ne peuvent comblées par la seule « démocratisation » de ces mêmes équipements.

A l'horizon 2025, ces équipements se seront non seulement perfectionnés mais ils feront partie intégrante de la culture technique de nos sociétés. Anticiper les mutations, parfois profondes, que vont apporter ces équipements au sein de notre population, nous permettra d'anticiper également les crises, les obstacles et les risques que comporte l'émergence de la société numérique.

Mais quels outils, quels mécanismes, quels grilles de perception utiliser pour prévoir les scénarios de demain ? Le paradoxe est que nous n'avons que du « vieux » pour apprécier et anticiper ce qui se prépare, ce qui nous arrive dessus. Il nous faut donc quitter le monde des certitudes et entrer dans la sphère du risque, de l'expérimentation et des probabilités. Curieusement, la société numérique de 2025 sortira d'un l'imaginaire à la fois individuel et collectif, complètement nouveau et pourtant familier, pluriel et, par de nombreux aspects, inattendu...

Etre citoyen numérique en 2025

Dans quinze ans, le citoyen sera probablement un techno-citoyen ou un cyber-citoyen. Mais sera-t-il esclave de la technologie ou bien sera-t-il un utilisateur responsable et efficace d'une technologie soumise au progrès social, politique et éthique autant qu'économique ?

Quinze ans nous séparent des premières connexions Internet grand public, du premier navigateur web (Mosaic), des premiers « sites web », des premiers Power Macintosh et de l'incontournable Windows 95... En regardant le chemin parcouru par ces technologies, leur diffusion auprès du public et l'impact qu'elles ont sur le monde occidental en particulier et la planète en général, il est possible d'anticiper les progrès et les transformations que vont impliquer les ordinateurs de poche, le WiFi, les puces RFID, les smart phones, les véhicules électriques, les écrans tactiles, la transmission numérique terrestre ou la fibre optique étendue à l'ensemble de l'Europe, pour ne citer que ceux qui sont déjà là.

Dans les années 70 et 80, il fallait dix ans pour installer une marque, quelque soit le produit. En ce début de 21e siècle, il ne faut pas plus de deux ans pour faire le « break ». Les réussites sont retentissantes et les échecs cuisants. Mais cela n'entrave en rien la progression de la part de technologie dans la vie de M. Lambda ou de sa famille de plus en plus recomposée. L'individu s'entoure toujours davantage d'équipements, de plus en plus mobiles, qui lui permettent de se libérer d'un nombre de contraintes toujours plus nombreuses. Ces mêmes contraintes opéraient autrefois comme des sélecteurs naturels et procédaient à une catégorisation sociale selon des facteurs de capacité de communication, de mobilité, d'accès à l'information, de possibilités d'instruction ou de formation. Bien que ces facteurs soient complètement caduques, on continue de les croire vivants et efficaces.

Dès à présent, le citoyen numérique, pour autant qu'il dispose d'un peu de bon sens et d'une forte motivation, peut, armé de son téléphone multifonctions, de son ordinateur portable et de sa carte de crédit, accomplir un nombre de missions sans précédent, exécuter ou faire exécuter des ordres sans obstacles de distance ou de temps de parcours, anticiper des mouvements de fonds, de marchandises, de personnes sur des délais des plus courts au plus longs et sur des distances à l'échelle de la planète. Il peut rester informé de l'ensemble de l'actualité mondiale, disposer d'une foule d'outils de sélection, de lecture, d'analyse et d'aide à la décision pour presque toutes les activités humaines qu'il peut entreprendre dans le cours de sa vie professionnelle comme personnelle. Ses limites ne sont pas celles de ses parents et encore moins celles de ses grands-parents.

Ce dont il a besoin : d'une prise de courant et d'une connexion téléphonique avec ou sans fil. Ses limites sont donc la couverture électrique, la couverture réseau et sa propre ligne de crédit bancaire. Tout le reste est accessoire. Et par reste, j'entend tout le reste : les déplacements, les bureaux, les horaires, les congés... mais aussi la famille, les amis, les contacts humains, les rencontres, les loisirs...

La technologie occupe de plus en plus d'espace mais quand est-il du facteur humain ? Car la technologie peut remplacer la plupart des activités humaines élémentaires. Ce remplacement se fait au travers de mondes virtuels, de jeux vidéos en ligne et de l'univers du divertissement audiovisuel qui proposent des simulacres de la vie sociale et même de vie intérieure. Les produits actuels de la technologie manifestent quantité de mirages et d'illusions qui handicapent la pertinence, le jugement, la décision...

Pourtant, le citoyen numérique de 2025 sera, sans aucun doute, amené à prendre des décisions et à faire des choix déterminants dans un enchevêtrement de systèmes, de réglementations et de champs d'applications qui dépassent de très loin les paramètres de la citoyenneté actuelle. Des nouveautés qui ne transforment pas les racines de la citoyenneté : adhésion à une communauté de valeurs, protection et le développement de cette communauté, transmission de ces valeurs à ses proches et aux générations suivantes.

Ce qui changera dans les quinze prochaines années, c'est le rapport que nous entretenons avec la technologie et ses produits. Et il va nous falloir, aux jeunes comme aux moins jeunes, apprendre à domestiquer la technologie quotidienne, à la dresser comme on dresse un chien ou un cheval, afin de ne pas en être esclaves mais seulement utilisateurs responsables. Nous devrons également apprendre à accepter l'omniprésence des machines, et des programmes qui les animent, non comme des prothèses externes mais bel et bien comme des extensions de nos capacités intellectuelles et physiques.

Ce travail pédagogique doit se faire aussi bien à l'école que dans l'entreprise, aussi bien dans le cercle familial que dans des campagnes de sensibilisation massives à une échelle sans précédent. Les individus doivent forger non des avis ou des opinions sur les choses qui les entourent, mais des rapports avec ces dernières. Le téléphone mobile n'est pas un jouet, un gadget ou un simple objet de consommation. Pas plus qu'un ordinateur portable, un écran tactile, un baladeur numérique, une caméra HDV ou appareil photo numérique... Leurs composants, leurs chaînes de production, leurs fonctions, leurs caractéristiques en font des instruments, notion encore faible dans les esprits. En tant qu'instruments, leurs usages peuvent être bénéfiques ou malveillants. Ainsi la technologie ne peut être considérée ni comme un moteur de divertissement, ni comme l'objet d'une phobie irrationnelle et superstitieuse.

Le citoyen numérique de 2025 est probablement un techno-citoyen. Son environnement est constitué de sphères d'informations dématérialisées, de mondes virtuels, d'identités multiples et de couches complexes de programmation destinées à optimiser ses interactions avec l'environnement naturel et humain. Il est entouré de machines miniaturisées à l'extrême, voire implantées sous sa peau et/ou dans son organisme, qui interagissent avec les individus et assurent un monitoring constant d'une foule de fonctions. Se posera alors la question de l'humanité de ce citoyen numérique.

Il ne s'agit donc pas de dresser des constats édifiants pour obtenir des mesures incantatoires. Et il ne s'agit pas non plus de se préoccuper de progrès techniques qui n'en sont encore qu'au stade expérimental et qui ne verront d'effets marquants que dans trente ou quarante ans. La technologie présente aujourd'hui pose déjà des problèmes réels de société, d'éthique, de politique. Autant de défis dont les solutions s'articulent sur le facteur humain. Il dépend du travail effectué dès maintenant que cette question de l'humanité soit encore d'actualité en 2025 ou qu'elle ne soit plus qu'un luxe réservé à quelques esthètes désintéressés par les performances et les indigences de la voie empruntée par le reste de la planète.

Internet, extension de cerveau

Pendant qu’en France, on cherche à étendre le nombre de foyers connectés de 50 à 100% (soit le doublement en seulement 2 ans), ailleurs, la question de la taille d’Internet comme réservoir solidaire de la mémoire des individus, se pose concrètement.

Le téléphone portable a fait la démonstration que stocker des numéros dans son propre cerveau était inutile. La connexion à Internet, elle, s’est chargée d’externaliser une somme d’informations infiniment plus importante et surtout beaucoup plus volumineuse.

Aujourd’hui, si vous voulez amputer ou diminuer un chercheur, un journaliste, un universitaire, il suffit de lui interdire Internet.

Aujourd’hui encore, en donnant des cours à des classes de collège, de lycée ou d’université on se rend compte que les informations recherchées par les élèves proviennent majoritairement de sites sans fiabilité tels Wikipédia ou tout simplement de la première page de Google.

Internet n’est plus seulement un système de transactions commerciales ou publicitaires. Il n’est plus une place de marché virtuelle. L’expérience concrète sur les individus, les groupes et les sociétés, démontre que l’Internet est devenu une extension de mémoire. Courriers, contacts, agendas, projets, savoirs, informations bancaires, tout cela est stocké de plus en plus à l’extérieur de notre cerveau tout en continuant à faire partie de nous, de notre propriété et de notre identité.

Il faut ajouter à cela l’explosion des outils de communication social, aussi appelés improprement médias sociaux, qui ne permet pas seulement une extension de nos facultés cérébrales mais aussi une extension de nos possibilités de communication sélective. Cette multiplication des communautés et des champs d’action est une ouverture sans précédent pour les individus. Le chaos et la prolifique bouillie communicative qui en résulte est la preuve qu’il ne s’agit pas que d’un effet de mode.

Cette transformation de nos fonctionnements individuels et sociaux s’est opérée en seulement 10 ans. C’est donc une nouvelle forme de savoir et d’utilisation de la mémoire et de communication qui remet en question à la fois l’éducation, la formation professionnelle et citoyenne des individus dans un monde fortement numérique. Plus encore, cette transformation radicale va également affecter les contours et les limites de notre identité sociale, le degré de la confidentialité de nos données personnelles et la manière dont chaque citoyen va défendre ses droits les plus élémentaires.

L’accès aux nouvelles technologies dans la société française

D'après une récente étude du Crédoc de 2007 [Conditions de vie et aspirations des Français], 75% des Français possèdent un téléphone mobile personnel, 66% possèdent un ordinateur domestique et 55% sont équipés d'Internet à domicile.

Ce sont très majoritairement les classes aisées, les classes moyennes et les étudiants qui bénéficient le plus d'un excellent taux d'équipement personnel et à domicile. Les retraités, les classes ouvrières et les personnes au foyer sont en décalage. A peine 2 retraités sur 5 sont équipés en téléphonie mobile, ordinateur et seulement 1 sur 5 est équipé d'Internet. Alors que 4 étudiant sur 5 est équipé, connecté et travaille avec un ordinateur.
Les catégories sociaux-professionnelles ne sont pas le seul facteur discriminant. Le niveau de vie joue pour une part très importante dans les écarts d'équipements.
En moyenne, des 30% les moins riches de la population seulement 20% disposent d'un accès internet et seulement un tiers environ dispose d'un ordinateur à domicile. Ce facteur est mitigé pour l'avenir par le fait que cette même population est équipée à plus de 60% en moyenne d'un téléphone mobile. Ce qui signifie que la technologie aidant, le téléphone mobile 3G et les générations futures de téléphones intelligents et multifonctions seront les points d'entrée universels pour accéder au contenu de l'Internet.
Toutefois, on constate que malgré la baisse radicale des prix de la micro-informatique et une véritable démocratisation de l'Internet haut débit allié à la téléphonie illimitée, le taux d'équipement en ordinateurs et en connexion Internet à domicile augmente de manière proportionnelle au niveau de vie. En France seuls les 10% les plus riches dépassent les 70% disposant d'un ordinateur et seulement 63% ont une connexion Internet à la maison.
En réalité les classes moyennes françaises sont très sous-équipées. La moyenne tourne autour de 35%.

L'enquête du Crédoc a le mérite de ne pas s'arrêter aux seuls taux d'équipement par catégorie de population. Elle s'intéresse aussi à la progression depuis 2004 et surtout à l'usage que font les Français de leurs équipements de communication numérique.
En moyenne, 49% des Français équipés d'un ordinateur l'utilisent tous les jours. Pour 20% il s'agit d'utilisation d'un site personnel ou d'un blog, pour 23% de téléchargement de films, pour 57% pour des démarches administratives ou fiscales, pour 29% pour effectuer un travail professionnel ou scolaire à domicile. Une fois encore les moyennes sont à considérer au regard des catégories socio-professionnelles.
Si plus de 80% des cadres moyens et supérieurs équipés utilisent tous les jours leurs ordinateurs, le taux tombe à 38% pour les ouvriers et à 16% pour les retraités.
Pour l'utilisation d'un site personnel ou d'un blog, les étudiants atteignent les 42% alors que la moyenne des autres CSP est largement inférieure à 20%. De même le téléchargement est largement dominé par la population étudiante (38%) suivie par les ouvriers, les employés et les indépendants (25% en moyenne). En considérant la fraction de la population française actuelle que cela représente, cela signifie que les différentes CSP sont à égalité en nombre d'utilisateurs sur les utilisations ludiques ou de loisir.
Enfin pour ce qui est des activités professionnelles ou scolaire, ce sont les cadres supérieurs, les indépendants et les étudiants qui dominent les usages (en moyenne autour de 50%). Très rapidement, les autres catégories tombent à des taux dérisoires.
Seules les démarches administratives et fiscales emportent un taux supérieur à 50% (mis à part la population étudiante). Les efforts de dématérialisation de ces dix dernières années produits par l'institution publique sont certainement un facteur favorable.

Pour plus de chiffres : institut des inégalités